Si, pendant plus d'un siècle, la quasi-totalité des photographes ne se servait que d'un seul objectif monté à demeure sur l'appareil, vers 1900 déjà de nombreux types d'objectifs avaient été inventés: téléobjectifs parfois très puissants, objectifs à grande ouverture pour suppléer à la sensibilité particulièrement faible des plaques et des tout premiers films, objectifs à portrait donnant des images adoucies, ultra-grand-angulaires. Ces objectifs se montaient sur des chambres, sur des reflex, parfois sur des jumelles
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Le Planar fut, en 1896, l'objectif qui rendit Carl Zeiss célèbre dans le monde entier. Ce type d'objectif standard, demi-grand-angle ou semi-longue focale, avait été imaginé par le Professeur Paul Rudolph (1858-1935). Rudolph, physicien et mathématicien, avait créé le Département photographique Zeiss six ans plus tôt. La luminosité de f/3,5 était extraordinaire pour l'époque mais cet objectif quasi-symétrique donnait quand même une image admirablement corrigée. D'emblée le Planar fut monté sur quantité d'appareils, notamment sur les chambres rigides de Sigriste, à l'obturateur ultra-rapide. La formule fut copiée par tous les fabricants, avec licence dans le cas du constructeur français BBT Krauss, sans dans la plupart des autres marques. La luminosité du Planar fut portée à f/2 entre les deux guerres et même à f/1,5 parfois. Dans les années 1950 à 80, des copies de Planar, avec souvent un nombre accru d'éléments (7 voire 8 lentilles) équipèrent en série des millions d'appareils reflex grand public et professionnels avec une luminosité allant de f/2 à f/1,2 voire même davantage. Encore de nos jours, quelques dérivés équipent des reflex professionnels et le nom de Planar figure dans les catalogues Kyocera Contax et Hasselblad.
En 1902, Rudolph créa une formule plus simple et totalement différente: le Tessar, encore appelé "anastigmat dissymétrique à quatre lentilles". Il s'agit en fait d'un objectif triplet (deux convergentes encadrant une divergente) dont l'élément arrière a été dédoublé. Relativement économique, le Tessar n'autorisait qu'une luminosité moindre. Les essais de porter son ouverture à f/2,8 ne furent fructueux qu'après guerre, et cette ouverture ne put être dépassée qu'avec des lentilles asphériques. En revanche, à condition d'être bien construit, ce type d'objectif gravait le moindre détail dans la pellicule ou le plan-film. Ces performances rendirent la formule optique encore plus populaire que le Planar et contribuèrent grandement au succès d'appareils comme le Rolleiflex (dit Rolleiflex T) et le Leica (avec son fameux Elmar 3,5/50 dont l'ouverture fut portée à f/2,8 par la suite). Il y eut des Tessar en semi-grand-angulaire et même en vrai grand-angle et aussi de courts télés en formule Tessar.
L'objectif à portrait comme ce Dallmeyer étaient des objectifs spéciaux incomplètement corrigés, notamment de l'aberration sphérique, absorbant les détails de l'image pour conférer à celle-ci un aspect légèrement vaporeux, très prisé de certains portraitistes mais aussi de certains photographes de paysage. Dans de nombreux cas, en refermant le diaphragme on augmentait la netteté.
Les téléobjectifs étaient des optiques de longue focale présentant à l'arrière un groupe divergent. Celui-ci contribuait à raccourcir le fût d'objectif, qui sans cela aurait été fort long donc encombrant. Toutefois, pendant longtemps, les téléobjectifs gardèrent une assez mauvaise réputation en raison d'aberrations résiduelles (chromatique, notamment), que seul le progrès des verres et un meilleur calcul optique permirent de corriger.
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L'Hypergon de C.P. Goerz, dont la fabrication fut reprise par Zeiss, autorisait un angle de champ époustouflant: 135 voire 140° et ceci sans distorsion. En d'autres termes les droites restaient bel et bien des droites, et non des courbes! Un siècle plus tard, ce record reste invaincu. En revanche, l'ouverture de l'Hypergon était très modeste: f/22 pour la visée et même f/32 pour la prise de vues! Il fallait donc travailler sur pied. Et ceci d'autant plus que l'on devait, durant la prise de vues, faire tourner un petit diaphragme en étoile devant l'objectif afin de compenser la perte de luminosité dans les coins (vignetage). |