Lors de l'écriture du livre, nous ne disposions pas du dossier de presse du tout premier Mavica Sony, en date du 24 Août 1981. Avec près d'un quart de siècle de recul, que faut-il penser de cette présentation, l'une des plus spectaculaires du 20ème siècle?
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Le tout premier Mavica et ses objectifs |
Le Mavica et ses périphériques |
Ce 24 Août 1981, un petit homme de noir vêtu agitait comme un épouvantail un bien étrange appareil. Akio Morita, PDG de Sony, avait surtout illustré sa marque dans le domaine audio, par exemple avec les célèbres Walkman et Discman, mais aussi avec des caméras vidéo professionnelles et, par la suite, des camescopes grand public. L'appareil, le Mavica (abréviation de MAgnetic VIdeo CAmera), ressemblait par sa forme et ses dimensions (130x89x53mm et 800g) à un banal reflex argentique. Il s'agissait effectivement d'un reflex (à miroir semi-transparent), néanmoins la similitude s'arrêtait là. En effet, le Mavica n'utilisait pas de film pour enregistrer ses images, mais une disquette. Celle-ci était tout à fait semblable dans son aspect à celle des ordinateurs, quoique très petite: 56x60x3mm et 8g seulement. Pour enterrer Niepce une seconde fois, non sans une pointe de sadisme, M. Morita avait choisi une petite brune haute comme trois pommes
tout l'opposé d'un top-model, mais au charme irrésistible! |
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La charmante présentatrice
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Un appareil très orienté télévision
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Extraordinaire prototype de science-fiction, alimenté par trois accus cad-nickel, le Mavica était doté, comme presque tous les numériques actuels, d'un capteur DTC (CCD), et il donnait 25 ou 50 images couleur par disquette selon le niveau de qualité. La résolution du capteur était en principe de 280.000 points, mais en fait, en raison de la trichromie, cela n'équivalait qu'à 90.000 pixels. L'obturateur (1/60 à 1/1000s en manuel et 1/60 à 1/2000s en automatique) était dépourvu de vitesses lentes comme celui du tout premier Leica. De courtes rafales à 10i/s trahissaient une parenté avec les caméscopes. Bien peu loquace, le viseur ne comportait que quatre indications: appareil prêt, sur et sous-exposition, et Error. Les objectifs interchangeables, à baïonnette, sans présélection, étaient un zoom 1,4/16-64 et deux focales fixes 2/25 et 1,4/50. Le Mavica se complétait d'une visionneuse servant d'interface avec un téléviseur et de deux imprimantes thermiques couleur fournissant des épreuves jusqu'au format 12x16cm. L'une d'elles employait des feuilles de transfert et la seconde des rubans. |
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Un reflex de SF
mais ça fonctionnait (semble-t-il)!
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La disquette contient 25 ou 50 images
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La conférence de presse d'Akio Morita fit l'effet d'une bombe sur tout le monde de la photo. La commercialisation, à un prix de 3600 F, était annoncée pour fin 1983. Fort heureusement, il n'en fut rien: M. Morita et son équipe, en dépit de leur extraordinaire génie technico-commercial, étaient tout à fait incapables de produire en série et pour un prix abordable ce Mavica. Cela laissa donc sept longues années aux firmes photo pour préparer la relève de l'argentique. Suite aux tout premiers reflex professionnels Canon RC-701 (1986) et Nikon QV-1000C (1988), les tout premiers numériques grand public de série furent les Canon ion RC-250, fin 1988, et ils coûtaient 5900 F, soit plus de 1000 euros d'aujourd'hui. Presque le double pour des appareils qui, sous un design certes très futuriste, étaient en fait des compacts presse-bouton très basiques. M. Morita eut le plaisir de voir s'accomplir son uvre, car il mourut au tout début du 3ème millénaire, alors que les jours de l'argentique étaient déjà comptés depuis plusieurs années
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